La mobilité professionnelle est un enjeu majeur pour la profession. Le Sgen-CFDT de l'étranger a effectué une longue intervention en congrès fédéral pour porter ses revendications sur la mobilité à l'international.
Intervention du Sgen-CFDT de l’étranger sur la résolution d’orientation portant sur la mobilité !
Notre syndicat Sgen-CFDT de l’étranger est favorable à l’amendement proposé par la CFDT Alsace (Profession éducation page 16).
En effet, le droit des collègues à la mobilité vers le territoire de leur choix et non pas vers un territoire dit d’origine, est au cœur de notre combat syndical et des préoccupations de nos adhérent·es comme de celles et ceux de vos syndicats territoriaux qui nous contactent pour partir à l’étranger.
Cette question du droit à la mobilité est centrale tant dans le sens du départ vers un ailleurs souhaité que du retour vers un territoire français choisi.
Voici quelques-uns des enjeux et des difficultés de mobilité vers et depuis l’étranger, à une époque où l’Europe et l’ouverture sur le Monde ne sont plus seulement des slogans mais s’incarnent dans des parcours de vie professionnelle et familiale, dans des identités choisies.
Partir de France, tout d’abord
Si la mobilité dans le sens du départ reste possible, elle est devenue, en effet, depuis une bonne dizaine d’année, plus compliquée, aléatoire, inégale.
Vos adhérentes et adhérents, désireux·ses de travailler dans le réseau d’enseignement français à l’étranger, font face à des refus de détachement de plus en plus fréquents de la part des rectorats comme des DASEN, notamment les professeur·es des écoles, mais pas seulement : l’enseignement secondaire est également touché, en particulier dans les disciplines et académies déficitaires qui peinent à recruter et refusent de facto, pour nécessité de service, ce droit à la mobilité.
Or, il s’agit de collègues qui n’ont pas pris leur décision à la légère, qui ont monté des dossiers complexes, chronophages, qui se sont formés, qui ont parfois déjà un lien fort avec la zone ou le pays demandé. Il n’est pas rare qu’ils aient la joie de voir leur candidature retenue par un établissement français à l’étranger, qu’ils commencent à prendre des dispositions lourdes et impactantes en vue de leur déménagement, avant d’apprendre, parfois au dernier moment, que le rectorat ou la DASEN refusent leur détachement, ce qui en retour met en difficulté les chef·fes d’établissement et les équipes enseignantes des Lycées français à l’étranger. L’année dernière, environ 230 postes de détaché·es n’ont pas été pourvus dans le réseau de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), notamment en raison de refus de détachement de la part des rectorats.
Revenir en France
Revenir en France est, en un sens, encore plus délicat d’autant qu’avec la nouvelle limitation stricte du temps de détachement, ce retour est parfois plus imposé que choisi.
Il n’existe pas d’accompagnement institutionnel. Les Sgen-CFDT des académies d’accueil s’efforcent alors d’accompagner et de conseiller les collègues de retour en France, mais ces dernier·es sont souvent perdu·es et subissent un barème de mutation qui, au mieux prend en compte leurs années d’ancienneté à l’étranger, mais, au pire, quand ils ou elles ont été contraint·es d’accepter un statut de recruté local, ne leur procure aucun point.
Bien sûr, ces collègues ont une priorité de réintégration dans leur académie de rattachement, mais que signifie cette académie d’origine dans laquelle ils ou elles n’ont parfois plus d’attaches, plus de centres d’intérêt ? Et cela est particulièrement problématique pour nos collègues de l’enseignement primaire, pour lesquelles les mutations hors-département d’origine sont encore plus difficiles.
Et, si tant est qu’ils ou elles veuillent revenir dans leur académie d’origine, ils·elles retrouvent rarement un poste équivalent à celui qu’ils·elles avaient avant leur mobilité : en effet, difficile de faire valoir des compétences au mouvement intra-académique, quand on est des inconnu·es pour les directions et les inspections de l’académie.
Par conséquent, on comprend mieux aussi pourquoi des collègues déjà un peu avancé·es dans leur carrière et ayant fondé une famille, hésitent à partir.
Pourquoi sauter le pas du départ à l’étranger en courant le risque au retour de ne pas être réaffectés dans le lieu de son choix et de ne pas retrouver un poste sensiblement équivalent à celui qu’ils avaient avant de partir ?
La difficulté à revenir freine donc, par ricochet, la propension à partir
Nous ne demandons pas un traitement de faveur pour ces collègues rentrant en France, mais juste de ne pas les pénaliser dans leur carrière pour avoir travaillé, un temps, hors de France.
La question de la mobilité choisie est donc cruciale car sa non prise en compte est une source de souffrance majeure dans nos métiers.
Cela explique, en partie, les problèmes de recrutement et les volontés de démission ou de reconversion évoquées dans la motion d’actualité sur la transition professionnelle, présentée hier par nos camarades du Nord-Pas-de-Calais et de Picardie et dans laquelle nous nous retrouvons pleinement.
Les collègues, et particulièrement les jeunes collègues, ne se sentent pas respectés dans leur désir légitime d’une mobilité géographique choisie. Bien, au contraire, ils subissent des refus ou des mobilités contraintes dont ils peinent à comprendre la logique et qui impactent, parfois, lourdement leur vie et leurs projets familiaux.
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