|
ÉDITO
D’un plan social à un dumping social ?
Un bilan et des perspectives moroses, une privatisation rampante.
Le comité technique du 18 juin 2019 a été une nouvelle fois l’occasion de prendre le pouls de l’AEFE et d’en faire le bilan annuel.
Après une année scolaire marquée par 145 nouvelles suppressions de postes imposées par le ministère du Budget dans le réseau de l’enseignement français à l’étranger, le ministère de l’Éducation nationale a aussi durci les conditions de détachement pour les personnels qui aspirent à enseigner à l’étranger dans le cadre d’une mission de service public.
Déjà étouffé·es dans leurs perspectives par un détachement aléatoire et limité à 6 ans pour les nouveaux·velles venu·es ou ceux·celles qui mutent à partir de septembre 2019, les enseignant·es voient leur conditions de travail se dégrader.
D’une réforme à une autre, les incohérences et les difficultés se succèdent et l’adaptation à une politique ou à des contraintes budgétaires fait office de boussole. Ce sont en bout de chaîne les personnels de la fonction publique qui font les frais de cette situation car on demande aux fonctionnaires de fonctionner mais sans leur en donner ni les moyens ni le temps.
Peu à peu, dans le cadre de la volonté présidentielle de doubler le nombre d’élèves dans le réseau, ce sont les recruté·es locaux·cales qui devront pallier aux insuffisances, aux manquements de l’opérateur public. La difficulté c’est que le vivier de recrutement local n’est pas non plus toujours assuré et cela pose de nombreux problèmes dans la préservation, la pérennité d’un réseau éducatif de qualité en Afrique notamment. Ce qui est paradoxal sur un continent qui verra sa population francophone doubler dans le siècle à venir. Si au-delà de ce constat, la formation continue des RL doit permettre de renforcer les capacités (selon une terminologie en vogue…). Pourquoi pas ? Mais cela ne répond à une autre question : qui va les former et dans quelles conditions ?
Des tentatives, expérimentations de formation initiale des futurs personnels de droit local voient aussi le jour (Maroc, Madagascar voire des formations spécifiques en France parmi les pistes de l’agence) pour répondre aux besoins, mais à nouveau cela pose de nombreuses questions auxquelles l’agence ne veut ou ne peut pour l’instant répondre.
Patrice Rafalimanana
AEFE - Comité technique du 18 juin 2019
Dans la déclaration liminaire, Patrice Rafalimanana a rappelé les charges qui pèsent sur les personnels de l’étranger : réforme du lycée menée avec précipitation, loi sur l’école avec des dispositions difficilement applicables à l’étranger, plan de développement de l’enseignement à l’étranger plein d'inconnues, refus de renouvellement…
|
| |