Égalité femmes-hommes en Europe

L’égalité femmes-hommes fait partie des sujets centraux pour la société européenne avec des écarts très importants entre les pays toujours au détriment des femmes. Parce que c'est un enjeu important, la CFDT et le Sgen-CFDT sont pleinement mobilisés.

Qu’en est-il de l’égalité femmes-hommes en Europe ?

Un indice pour mesurer l’évolution de l’égalité femmes-hommes en Europe

L’égalité entre les femmes et les hommes est une des valeurs fondamentales de l’Union européenne. Elle est ainsi inscrite dans sa charte des droits fondamentaux. Face à une situation que le Sgen-CFDT et la CFDT dénoncent depuis longtemps, il fallait pourtant des éléments objectifs pour pouvoir mesurer les inégalités existantes.
C’est la raison pour laquelle, dès 2006, la Commission européenne a lancé un indice d’égalité de genre applicable à l’ensemble des pays membres pour :

  •  Fournir une mesure synthétique de l’égalité femme-homme.
  •  Permettre une meilleure compréhension des enjeux et faciliter la communication sur les progrès restant à mener.
  •  Donner un outil afin d’aider les décideurs politiques à mesurer les écarts et ainsi à parvenir à cette égalité.
  •  Permettre des comparaisons entre différents domaines de l’égalité femme-homme.
  •  Mesurer, d’une étude à une autre, les progrès réalisés en la matière.

Cinq domaines de l’égalité femmes-hommes en Europe mesurés

Cet indice, dont la mise en œuvre a permis des constats intéressants se concentre sur cinq domaines :

  • L’accès au savoir.
  • La ressource financière et l’autonomie correspondante.
  • Le temps, et notamment la conciliation entre temps professionnel et temps familial.
  • Le pouvoir et la participation au processus décisionnel.
  • La santé, et notamment l’accès aux structures de santé.

Une situation européenne très diverse

Égalité femmes-hommes en Europe
Cliquer pour agrandir

L’égalité femmes-hommes est en Europe très disparate d’un État à un autre, et cela n’est pas qu’une question de culture latine ou anglo-saxone..
Ainsi, la Suède fait figure de bonne élève avec un indice d’égalité des genres à 84 % environ alors que la Grèce, elle, est la mauvaise élève de l’Union européenne avec seulement 52,2 %. La France se situe en troisième position, ce qui montre que notre pays n’est pas si mal en la matière même si des progrès sont encore nécessaires. On peut noter que les pays de l’Est de l’Europe, très en retard dans ce domaine, ont encore du chemin à parcourir pour arriver à hauteur de leurs homologues situés plus à l’Ouest (Portugal excepté).
Si la progression a été importante entre 2006 et 2016, elle-ci tend à ralentir depuis, la faute sans doute à de nombreux pays qui ne mettent pas en place de politique volontariste en la matière.

Une volonté politique qui tarde à se concrétiser

C’est principalement dans le domaine du travail que les inégalités sont les plus importantes en Europe, y compris au sein du champ de syndicalisation du Sgen-CFDT. En effet, il est à noter que plus le poste occupé comprend de responsabilités et de capacités à décider, plus il y a de chance que ce poste soit occupé par un homme.

Ainsi, si l’on prend comme exemple la photo des dirigeant·e·s européen·ne·s, seules 7 femmes figurent sur la dernière photo qui les réunit fin 2021.
Une classe politique a donc du mal à quitter et mettre en place une véritable représentativité de genre à hauteur des principes que l’Union s’est elle-même donnée. En d’autres termes, comme dit le dicton, « charité bien ordonnée commence par soi-même », alors pas facile de changer des habitudes et de laisser la place.

plus le poste occupé comprend de responsabilités et de capacités à décider, plus il y a de chance que ce poste soit occupé par un homme.

Le déroulé de carrière, un enjeu d’égalité femmes-hommes en Europe

Sans aller sur les hautes sphères politiques, l’égalité femmes-hommes en Europe se caractérise notamment par la difficulté pour de nombreuses femmes à avoir à la fois des carrières linéaires et progressives mais aussi des emplois à temps plein.

En matière d’éducation, ainsi, plus on va enseigner dans un niveau élevé, plus le métier se masculinise.
La France en est l’exemple parfait avec 84,8 % de femmes enseignantes dans le premier degré, un chiffre qui tombe à 37 % pour les enseignant·e·s chercheur·e·s de l’enseignement supérieur, selon une étude de 2016.

En matière d’éducation (…) plus on va enseigner dans un niveau élevé, plus le métier se masculinise.

Ce sont aussi les femmes qui accompagnent le plus les enfants au cours de la petite enfance, ce qui a des répercutions sur leur emploi.
Ainsi, en Allemagne, on voit de nombreuses femmes travailler à temps partiel afin de pouvoir assurer la garde de leurs enfants à l’issue de la classe qui se termine, selon les États, tous les jours autour de 15 heures. Si l’on ajoute l’interruption de carrière liée à la maternité, bon nombre de femmes s’en trouvent pénalisées pour accéder à des postes à responsabilités.

Des tentatives d’amélioration qui ne font pas l’unanimité au niveau européen

Beaucoup de pays ont en la matière fait de gros progrès en augmentant, par exemple comme en France, le congé paternité – un acquis défendu par la CFDT mais qui n’est sans doute pas encore suffisant –, ou encore en ayant des politiques volontaristes pour permettre aux femmes de retrouver l’emploi qu’elles avaient avant leur départ en congé de maternité (Autriche, Danemark, Pays-Bas).

Cependant, comme l’Union européenne le souligne, beaucoup d’hommes hésitent à prendre ce congé paternité de peur de voir le revenu du foyer baisser.
La Commission européenne souhaitait pour inciter cette conciliation entre vie professionnelle et vie privée permettre la rémunération minimale du congé parental à la hauteur d’un arrêt maladie. La moitié des pays membres de l’Union européenne s’est opposée à cette directive rendant son application impossible.

Des inégalités salariales toujours présentes

Cette inégalité se reflète inévitablement sur les salaires.
En 2020, les femmes gagnaient en moyenne 13 % de moins que les hommes au sein de l’Union européenne. L’écart le plus faible se situait au Luxembourg (0,7 %), et le plus élevé en Lettonie avec un peu plus de 22 % à poste équivalent. La France, elle, se situe au-dessus de la moyenne européenne à près de 16 %.
Cet écart est à la fois la conséquence du déroulé de carrière (et notamment à la maternité qui l’interrompt) mais aussi à la possibilité offerte aux hommes d’accéder plus facilement à des heures supplémentaires pour des missions particulières. Ainsi, en Italie, les missions liées au pilotage de l’école inclusive sont plus facilement confiées à des hommes car elles nécessitent des réunions sur lesquelles les femmes retournent dans leurs foyers pour s’occuper des enfants.

Peser au niveau des instances européennes pour aller le plus vite possible vers l’égalité de genre

On est donc encore loin des principes qui ont été adoptés par l’Union européenne et des valeurs qu’elle défend.

Pourtant, l’Europe se dote de textes pour aller dans ce sens. Ainsi, le 6 avril dernier, le Parlement européen a adopté une directive renforçant la nécessaire transparence des rémunérations entre les hommes et les femmes. C’est une étape importante pour que se traduise enfin le principe de l’égalité salariale.

La CFDT, et particulièrement Laurent Berger qui dirige le Conseil syndical européen, a fortement pesé sur cette décision. Elle doit maintenant se traduire en actes. Il convient de ne pas attendre la fin du siècle pour que cette égalité soit enfin installée.

Pour le Sgen-CFDT, il s’agit d’accélérer le mouvement et d’en faire un combat de tous les jours
pour les personnels que notre organisation syndicale représente.

C’est évidemment un enjeu sociétal fort !