Vendredi 14 décembre, un groupe de travail réunissant le service pédagogique de l'AEFE et les représentants des organisations syndicales a fait un point d'étape sur la mise en œuvre de la réforme du lycée et du bac dans les réseau des lycées français de l'étranger.
Filières technologiques et professionnelles
Dans le contexte de l’objectif du doublement des effectifs dans le réseau et de la nécessité de diversifier l’offre, le service pédagogique de l’AEFE réfléchit à la place dans le réseau des enseignements technologiques et professionnels. Ces filières sont actuellement peu nombreuses : une quinzaine de STMG (sciences et technologies du management et de la gestion), une seule STI2D (sciences et technologies de l’industrie et du développement durable) et quelques classes professionnelles. La question de leur opportunité en termes de poursuite d’études, localement et en France, se pose.
Les élèves des classes existantes ont de bons résultats au bac et une poursuite postbac intéressante. Le problème principal des classes professionnelles (Madagascar, Maghreb et Pondichéry) qu’il faut résoudre rapidement est leur caractère non réglementaire vis-à-vis de la DGESCO. Mais il convient de décider si la négociation avec la DGESCO aura pour objectif une simple dérogation afin de garder les spécialités existantes, peu intéressantes en termes de compétences acquises et de débouchés professionnels, ou s’il vaut mieux réfléchir à une nouvelle réglementation permettant d’envisager le développement de nouvelles filières.
Il serait pertinent de travailler en relation avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères sur les questions de coopération éducative et de formation professionnelle pour imaginer des spécialités plus en accord avec le pays : par exemple, l’hôtellerie au Maroc. Il est difficile de trancher, car il en va du devenir des enseignants. Donc, il faut échanger avec les collèges sur des possibilités de développement et de manière urgente poursuivre les négociations avec la DGESCO. Développer les filières technologiques quelles qu’elles soient, pose aussi le problème des ressources humaines : recruter localement suppose qu’on soit capable d’assurer une formation continue.
Le Sgen-CFDT s’est fortement engagé en faveur du maintien des classes professionnelles et pour la diversification des formations pour répondre à la diversité des publics notamment en développant la filière technologique.
Spécialités et enseignements optionnels, résultats de l’enquête auprès des établissements
On constate une écrasante majorité de demandes pour les spécialités mathématiques, sciences physiques, SVT et SES. Les nouvelles spécialités sont aussi plébiscitées : histoire-géographie géopolitique et sciences politiques ; humanités littérature philosophie ; langues, littératures et cultures étrangères. Même pour les spécialités moins demandées, les taux de demandes sont supérieurs à ce qui existe actuellement dans les établissements. Mais les choix ne sont pas mûrs. La carte ne sera définitive que fin janvier, c’est la DGESCO qui tranchera. L’AEFE veut se donner de la souplesse en acceptant l’implantation de spécialités qui n’ouvriront peut-être pas. Il est plus facile de s’ajuster que d’ouvrir si on n’a pas prévu.
La DGESCO refuse pour l’instant d’envisager des possibilités dérogatoires d’option supplémentaire d’une LV3 européenne, quand, dans certains pays, les nationaux doivent étudier obligatoirement la langue du pays d’accueil.
NSI (numérique et sciences informatiques) : beaucoup d’établissements ont annoncé la spécialité NSI, très attractive à l’étranger alors qu’en France c’est marginal. Ceci pose un gros problème de ressources humaines : peu d’enseignants sont qualifiés d’autant plus que le programme de terminale nécessitera obligatoirement une formation complémentaire menant à un diplôme universitaire dont on ne connait encore ni la forme ni le contenu. L’Agence a demandé aux établissements de faire remonter les CV des personnes susceptibles d’enseigner cette spécialité.
Arts : plus de demandes que d’établissements qui proposent actuellement l’option mais celle-ci n’existait jusqu’à présent qu’en L. Le théâtre et le cinéma nécessitent une certification qu’il faut désormais passer dans l’académie de rattachement, ce qui est souvent compliqué car de nombreuses académies n’envisagent pas de visioconférence. Les établissements n’ont pas tous perçu que ces spécialités sont très exigeantes et qu’elles se justifient en fonction des perspectives post-bac.
Pour maintenir des enseignements d’Arts, il est conseillé de créer des spécialités.
En EPS, une hausse surprenante des demandes est constatée alors que rares sont les élèves de l’étranger à s’orienter en STAPS. Il faut aussi que l’établissement soit en mesure de proposer 3 à 6 disciplines sportives en plus de l’enseignement commun.
LCA (littérature, langues et cultures de l’antiquité) : peu d’ouvertures sont demandées car le vivier de professeurs de lettres classiques est réduit. Or s’il est possible pour un enseignant de lettres modernes disposant d’une certification d’enseigner le latin ou le grec en collège, ce n’est pas envisageable au lycée.
Au total, l’inquiétude majeure que l’on repère chez les familles, ce n’est pas le contenu ou le déroulé de la réforme, c’est la poursuite d’études dans le pays, car les universités étrangères ne sont pas du tout informées. Il faut que le MEN propose un document explicatif pour que les postes diplomatiques aillent voir les universités locales, expliquer cette réforme et les nouveaux programmes.
Nouveau baccalauréat
Le service pédagogique s’interroge sur la passation du Grand oral qui nécessitera nombre de salles et d’enseignants : il faudra peut-être aménager les dates des autres oraux.
Prochain rendez-vous fin février
Cette réforme n’est pas celle que souhaite le Sgen-CFDT
Même si elle acte la disparition des filières, cette réforme n’est pas celle que souhaite le Sgen-CFDT qui promeut depuis longtemps un lycée modulaire. Mise en œuvre trop rapidement elle place en insécurité les personnels, les familles et les élèves obligés de faire les bons choix dès le milieu de la seconde.
Le Sgen-CFDT regrette la disparition des enseignements comme les TPE et les enseignements d’exploration reposant sur un travail interdisciplinaire et des pédagogies de projet, très fructueuses pour les élèves.
Pour ces raisons il a demandé le report de sa mise en œuvre pour renégocier et transformer les incohérences majeures.
Concrètement, il veillera à ce que les collègues soient consultés notamment par le biais du Conseil pédagogique et que du temps de concertation soit donné.
Il agira pour que le MEN accorde des dérogations d’ouverture d’une deuxième option dans le cas où les élèves seraient contraints de choisir une LV3 afin d’avoir au moins deux langues européennes.