La CFDT Éducation monde a rencontré les personnels du Lycée français de Jakarta. Objectif : écouter, comprendre et porter la voix des équipes dans la perspective de la réforme majeure de l’AEFE.
Atmosphère chaleureuse, échanges directs et nombreux témoignages.
Indonésie : la CFDT est allée à la rencontre des personnels du Lycée français de Jakarta, établissement conventionné AEFE.
AEFE – Indonésie, Jakarta – Un établissement attractif dans une destination méconnue
Un cadre de travail de grande qualité
Créé en 1962, le Lycée français de Jakarta accueille aujourd’hui 500 élèves dans un environnement décrit comme familial, bienveillant et serein.
>Les effectifs maîtrisés (17 à 24 élèves), les infrastructures fonctionnelles et des moyens humains renforcés — psychologue, orthophoniste, enseignants FLE et deux maîtres supplémentaires assurant les remplacements dans le cadre du dispositif “Plus de maîtres que de classes” — permettent aux personnels enseignants de se concentrer pleinement sur les apprentissages, sans passer l’essentiel de leur énergie à gérer la discipline.
Une vie locale appréciée
Malgré des préjugés persistants : pollution, embouteillages, la réalité quotidienne est tout autre.
>Jakarta est perçue comme une ville sûre et accueillante, avec un quartier scolaire (Cipete) convivial et une vie culturelle dynamique. 
>L’établissement joue un rôle central au sein de la communauté éducative : il reste ouvert jusqu’à 21h, y compris pour les familles, grâce à un large panel d’activités périscolaires.
>La qualité de vie au travail est jugée nettement meilleure qu’en France, ce qui explique aussi l’attachement fort des personnels à l’établissement.
Recrutement et conditions d’emploi : attractivité à renforcer
Malgré ces atouts, le recrutement reste difficile en raison de l’éloignement familial, du coût du logement et de l’image injustement dévalorisée de la ville.
Pour les personnels enseignants en contrat local
Le lycée propose un cadre contractuel solide pour les personnels recrutés locaux :
- Salaires alignés sur ceux de l’AEFE
- Grille d’échelons avec avancement tous les deux ans
- Participation aux billets d’avion annuels
- Primes d’installation
- Scolarité gratuite pour les enfants
- Prise en charge des visas de travail et familiaux (1 500 dollars/an)
Cependant, la législation indonésienne impose des contrats renouvelables annuellement, ce qui crée un sentiment d’insécurité professionnelle, malgré la volonté réelle de stabilité affichée par la direction.
Pour les personnels détachés
Les collègues souhaitent rester dans le réseau et expriment leur satisfaction au travail.
>Mais l’inquiétude domine : sentiment de renouvellement incertain des 2×3 ans des D3 en raison des problèmes d’effectifs en France, mécontentement exprimé face aux disparités de traitement entre départements, académies qui, selon les besoins, accordent ou n’accordent pas les détachements, disponibilité pour convenances personnelles difficiles à obtenir. Autant de sujets qui constituent un frein à la mobilité et qui sont mal vécus.
Ce climat d’incertitude fragilise les parcours d’autant qu’en France, les compétences acquises sont souvent mal, peu voire pas réinvesties.
AEFE – Indonésie, à Jakarta, un dialogue social exemplaire
Les personnels décrivent unanimement le climat social du lycée comme constructif.
Les échanges entre la direction, et la représentation des personnels sont réguliers, transparents et efficaces.
Deux espaces de dialogue distincts permettent de traiter les questions statutaires : l’un pour les détachés, l’autre pour les recrutés locaux.
Des heures syndicales élargies ponctuelles, réunissant l’ensemble des personnels — y compris contrats locaux et personnels détachés — sont mises en place dès lors que la thématique concerne le collectif de travail, alors que le droit indonésien ne prévoit pas d’heure syndicale pour les personnels recrutés locaux.
Les collègues soulignent une écoute réelle, un respect mutuel des rôles et une volonté affirmée de résoudre collectivement les difficultés.
Ce modèle de gouvernance contribue largement au bien-être professionnel.
AEFE : inquiétudes majeures et réforme à venir
La crise budgétaire annoncée et la réforme structurelle de l’AEFE alimentent les préoccupations.
Tout semble pouvoir être remis en question : conventions, statuts, avantages acquis.
Un point est fait sur les différents types de détachement : détachement direct sur contrat de droit local dans les établissements partenaires et détachement sur contrat de droit français à l’AEFE. Les personnels redisent leur attachement à un contrat de droit français.
Ce que demande la CFDT
Au regard des échanges, plusieurs revendications s’imposent clairement pour les personnels détachés, qui vont dans le sens des revendications portées par la CFDT.
Lignes rouges statutaires
- Maintien des contrats de droit français
- Sécurisation des renouvellements de détachement
- Ouverture d’une réflexion sur la limitation du temps de séjour à l’étranger et sur la mobilité
- Égalité des chances au départ, quel que soit le territoire, quel que soit le statut civil
AEFE – Indonésie Lycée français de Jakarta
Le Lycée français de Jakarta apparaît comme un établissement solide, offrant de très bonnes conditions professionnelles et humaines et un dialogue social constructif.
Mais l’ombre de la réforme AEFE et les incertitudes statutaires fragilisent les personnels, qui oscillent entre plaisir professionnel et inquiétude quant à leur avenir.
La CFDT portera avec détermination ces préoccupations :
Défense des statuts des personnels détachés, sécurisation des parcours, financement durable du réseau, continuité du service public éducatif français à l’étranger.
À l’étranger aussi, le syndicalisme de proximité est indispensable
La CFDT restera présente pour porter la voix des personnels