La CFDT a rencontré les personnels du Lycée Français de Kuala Lumpur, établissement conventionné AEFE. Entre cohabitation récente et encore délicate avec l’école allemande, statut des personnels et réformes à venir, les échanges ont permis de dresser un tableau lucide mais porteur d’espoir.
Un établissement en mutation
Le LFKL, Lycée français de Kuala Lumpur, unique établissement d’enseignement français en Malaisie et conventionné AEFE poursuit sa reconstruction après des années difficiles. L’arrivée de l’école allemande sur le site a permis de redresser la situation financière, mais la cohabitation
reste complexe. L’absence de règlement commun alimente souvent un sentiment d’injustice chez les élèves français. Contre toute attente, le ressenti sur l’éducation à l’allemande défie les stéréotypes attendus. Les personnels enseignants français estiment être beaucoup plus rigoureux et cadrants ! Le proviseur, lui, mise sur le temps long et les projets partagés pour bâtir une vraie culture EuroCampus.
AEFE – Malaisie, Kuala Lumpur – Une communauté éducative attachée
Des personnels ayant du recul évoquent une dégradation de l’ambiance de travail au fil des années. La période du COVID, avec un confinement très strict et long, a laissé des traces en Malaisie. Pourtant, l’attachement à l’établissement demeure fort, tout comme la fierté de contribuer à la qualité de l’enseignement français en Malaisie. La visite d’homologation de décembre devrait offrir une occasion de relance collective.
Personnels détachés : statuts et réformes : le malaise persiste
La limitation du détachement à six ans est vécue comme une injustice. Elle fragilise les projets de vie et la stabilité des équipes. La réforme de la protection sociale complémentaire, avec la hausse des cotisations, suscite également de vives inquiétudes. Les personnels demandent une approche plus équitable et plus réaliste de l’exercice du métier à l’étranger et des contraintes de l’expatriation.
Les recrutés locaux à Kuala Lumpur : très souvent des titulaires en disponibilité
Particularité du LFKL : dans le premier degré, tous les personnels enseignants recrutés localement sont des titulaires de l’Éducation nationale française, placés en disponibilité. Une obligation légale.
Ce statut hybride interroge. Ces collègues exercent les mêmes missions que les personnels détachés, mais sans progression indiciaire après 5 année de disponibilité et avec une couverture sociale différente.
La question de la retraite revient fréquemment. Les cotisations locales ne garantissent pas les mêmes droits qu’en France. Néanmoins, le lycée propose un système de cotisation retraite par capitalisation dont il se dit qu’il est intéressant. Cependant, des collègues fonctionnaires s’inquiètent de perdre des années de validation pour leur pension française. Compréhensible quand on sait que le temps moyen d’attente pour obtenir un poste de détaché·e en Malaisie serait de 8 ans.
Les collègues non fonctionnaires sont également vigilant·es et investi·es. Une CRH se tient : « il y a du dialogue, on est écoutés ». Une convention collective a été élaborée (staff hand book) qui clarifie la situation des employé·es. Cependant, il est noté que les nouveaux contrats sont moins disants. Les anciens ne peuvent être modifiés sans consentement, la loi ne permettant pas de revenir sur des avantages acquis.
Les écarts de traitement entre personnels détachés et recrutés locaux ne nourrissent pas grand sentiment de justice, d’autant que des personnels expérimentés assurent la continuité pédagogique depuis de nombreuses années. Pour autant, personne ne dit s’estimer mal rémunéré.
La CFDT rappelle la nécessité de mieux reconnaître l’engagement des recrutés locaux titulaires et de réduire les écarts de rémunération et de protection sociale entre personnels exerçant les mêmes fonctions. Certes, le Lycée de Kuala Lumpur ne fait pas partie des mauvais élève en la matière, à l’échelle du réseau. Et les collègues le reconnaissant volontiers.

AEFE – Kuala Lumpur, protection sociale complémentaire en Malaisie
La mise en place de la protection sociale complémentaire (PSC) dans la Fonction publique est censée alléger les charges qui pèsent sur l’employé avec une prise en charge par l’employeur. Ce dispositif, présenté comme une avancée, se révèle coûteux et désavantageux pour les collègues détachés en Malaisie, qui y perdront par rapport à la situation antérieure. Pour les collègues dans ce cas de figure, l’esprit de la réforme est dévoyé. Ne pas hésiter à nous contacter : monde@efrp.cfdt.fr
Un projet d’ouverture et de stabilité
Le Lycée affiche une ambition claire : s’ouvrir davantage aux familles malaisiennes. L’objectif est de stabiliser les effectifs et d’ancrer durablement l’établissement dans le paysage éducatif local. Le positionnement comme école de référence à coût maîtrisé auprès des ressortissants du pays reste un atout fort pour le développement de l’établissement.
Une vie locale et un métier appréciés
Malgré les défis professionnels, la vie en Malaisie séduit : sécurité, confort et accueil bienveillant. Un cadre de vie qui compense, pour beaucoup, les difficultés du quotidien scolaire. Du reste, nombreux·ses sont les collègues à les relativiser : ici, « on vite une autre réalité professionnelle, on peut faire cours une heure durant sans interruption« , souligne de façon appuyée un collègue qui a exercé en REP+.
Revendications portées par la CFDT
Au terme de cette visite, plusieurs revendications prioritaires ont été rappelées :
- Face à la limitation du temps de séjour vis-à-vis de laquelle il sera hélas difficile de revenir, allonger la durée du détachement des personnels enseignants à 10 ans, au même titre que les personnels d’encadrement et de formation, pour garantir la stabilité des équipes et la continuité pédagogique.
- Assurer une mise en œuvre équitable de la réforme de la protection sociale complémentaire, avec des cotisations soutenables.
- Reconnaître pleinement le rôle des recrutés locaux fonctionnaires, et sécuriser leurs droits à la retraite.
- Accompagner les établissements en transition, comme le LFKL, dans leurs projets d’ouverture et de stabilisation.
- Continuer de valoriser et d’optimiser la prise en charge des EBEP dans l’établissement, au nombre de quelque cent.
Conclusion
Cette rencontre avec les personnels dans un établissement à taille humaine a permis des échanges francs et constructifs. Les personnels ont exprimé leurs attentes, le chef d’établissement a partagé sa vision. Entre contraintes structurelles et volonté d’avancer, le Lycée Français de Kuala Lumpur illustre à la fois les défis et la vitalité du réseau AEFE en Asie.