Rencontre avec la directrice générale de l’AEFE à Madagascar

Le 23 septembre 2025, les représentants syndicaux du lycée Français de Tananarive à Madagascar ont rencontré la Directrice générale de l’AEFE, Madame Scherrer-Effosse.

Voici l’essentiel des points abordés lors de cet entretien.

AEFE – Situation budgétaire et avenir du réseau 

L’Agence est très déficitaire.

Ce déficit s’explique d’abord par la forte baisse de la subvention accordée par l’État : baisse de 38 millions en 2025, et de 25 millions prévus pour 2026 sur une dotation de 340 millions en 2024. Ensuite, par l’augmentation de la part patronale des pensions civiles (de 60 à 78 %).

Par conséquent, la trésorerie de l’AEFE n’est que de 48 millions ce qui est en dessous du seuil de sécurité. Il faudrait en effet disposer d’au moins 55 millions. Somme qui équivaut à 1 mois de salaires pour l’ensemble des 5860 ETP (équivalent temps plein) de l’Agence.

L’AEFE se trouve donc dans une situation budgétaire insoutenable et doit envisager un plan global d’évolution de son fonctionnement.

Pistes de financement présentées par la directrice générale

La réforme visant à faire transférer le paiement de la totalité de la part patronale des détaché·es sur les établissements sera de nouveau proposée. Certes, ce serait très lourd pour les établissements en gestion directe et devrait se répercuter sur les frais d’écolage. Mais c’est l’un des seuls leviers possibles pour continuer à faire fonctionner l’actuel système conçu comme un réseau solidaire.

Le schéma d’emploi est un autre levier. Il avait été largement activé en 2018 avec la suppression d’environ 500 postes. Néanmoins, la Directrice Générale reconnaît que la suppression des postes de détaché·es n’est pas vraiment intéressante financièrement. Pourtant, et bien qu’elle nuise à l’attractivité et au bon fonctionnement du réseau, la proposition actuelle de 150 postes supprimés sur 3 ans est maintenue. En effet, la charge financière que représente l’emploi d’un·e détaché·e est telle que les établissements conventionnés risquent de privilégier le transfert des postes vers des contrats de droit local.

Par ailleurs, les positionnements politiques vis-à-vis de l’AEFE ont beaucoup changé. Ainsi, il n’y a plus de volonté politique pour soutenir la scolarité d’élèves étrangers. L’aide de facto apportée aux élèves (2200 euros par élève dans les établissements en gestion directe) est critiquée par de nombreu·ses élu·es, et ce  jusque dans les rangs du parti présidentiel.

Contrats de détachement et fin de détachement 

La note de service du 27 août 2025 (MENH2519527N) précise légèrement les motifs exceptionnels de prolongation de détachement au-delà de six ans : raisons familiales, médicales ou conditions particulières d’exercice. Elle peut servir de base aux recours.

Toutefois, les raisons ayant permis à quelques collègues -12 seulement sur environ 240 demandes – d’obtenir un prolongement avant recours, n’apparaissent pas clairement.

Des élu·es, sénateurs·trices de l’étranger, et le Ministre Saint-Martin sont favorables à une évolution de cette question. Le dossier n’est donc pas clos.

Réintégration en France 

L’instabilité politique actuelle rend difficile la collaboration avec le MEN. Les changements fréquents d’interlocuteurs, ministre et DGRH, obligent à répéter l’argumentaire à chaque fois. C’est pourquoi, l’AEFE représentant l’équivalent d’une petite académie, Madame Scherer-Effosse souhaiterait travailler directement avec les recteurs et rectrices.

Madagascar – Centre d’examen

Le lycée français de Tananarive est devenu le plus grand centre d’examens de l’étranger. La CFDT Éducation monde souligne que l’augmentation exponentielle des candidats libres constitue une lourde charge. La Directrice Générale est consciente du problème et annonce la création d’un service dédié.

La CFDT Éducation monde fait par ailleurs remarquer qu’il y a un risque de fort ressentiment des élèves des lycées homologués, partenaires ou candidats libres. Les familles investissent en effet d’importantes sommes pour obtenir un diplôme français, puis se voient refuser un visa étudiant pour la France.

AEFE – Cap 2030 

En juin, un document officiel a précisé que le doublement des effectifs des élèves voulu par le président Macron devait s’entendre en incluant les élèves des établissements labellisés France-Education (programme en partie français seulement). Et non comme celui des effectifs du réseau EFE. Cela réduit donc la pression sur l’AEFE.  Il faut bien admettre, au vu des chiffres, que cet objectif n’était guère réaliste : +16 % seulement depuis 2018. On peut même se demander si le Cap 2030 est toujours d’actualité.

Prestations familiales

Suite à une décision du Conseil d’Etat qui a considéré que l’écart entre majoration familiale (perçue par les encadrants et formateurs) et avantage familial (perçu par les enseignants résidents et détachés D3) n’était pas justifié, une révision du modèle est en cours.

L’alternative est la suivante : soit tous les agents touchent désormais la majoration familiale, ce qui serait plus simple mais coûteux. Soit on accorde la gratuité des écolages pour les détachés. Des politiques s’indignent en effet que certains fonctionnaires utilisent ces prestations familiales comme un complément de salaire alors qu’ils scolarisent leurs enfants en dehors du réseau EFE.

 

D’autres questions n’ont pu être abordées ou approfondies. La CFDT Éducation monde y reviendra lors du CSA du 9 octobre.


Le précédent CSA avait eu lieu le 12 juin 2025.