Plan de développement de l’enseignement français à l’étranger : une réforme aux pieds d’argile

Le gouvernement a fait le pari d’asseoir la diplomatie d’influence sur le développement du réseau des établissements français de l’étranger. Pour le Sgen-CFDT, les moyens et les modalités ne sont pas exactement au rendez-vous.

Des annonces laissant trop de questions en suspens

Le développement et le plan annoncé, s’ils font l’objet d’un coup de pouce budgétaire :

  • + 25 millions après la coupe sombre de 33 millions dans les crédits de l’opérateur public AEFE à l’été 2017,
  • augmentation du nombre de détachés : + 1 000 après la suppression de près de 500 postes de titulaires à l’AEFE,

appellent quelques commentaires :

1)     25 millions de rebasage suffiront-ils à couvrir les nouvelles missions de l’opérateur public AEFE et à accompagner l’ambitieux plan de doublement des effectifs d’élèves ?

2)     L’accélération du processus d’homologation des futurs établissements d’enseignement français à l’étranger et la simplification de ses critères permettront-elles de conserver l’excellence pédagogique tant vantée de l’actuel réseau et de garantir la bonne gouvernance des établissements émergents ?

3)     Les + 1 000 détachements annoncés viendront-ils panser les plaies de l’opérateur qui a supprimé 500 postes de titulaires de l’Éducation nationale sur trois années et suffiront-ils à alimenter les pupitres des futurs établissements émergents et marchands ?

4)     Le plan de formation annoncé permettra-t-il de former suffisamment d’enseignants non fonctionnaires dont on comprend qu’ils seront indispensables à la bonne mise en œuvre du plan ?

5)     Les établissements émergents et marchands ne risquent-ils pas d’affaiblir les partenaires historiques en s’installant à leurs côtés, là où la rentabilité fleure bon et en négligeant certains pays, là où elle ne sera pas au rendez-vous ?

La réforme du statut des personnels détachés encore repoussée

Le Sgen-CFDT réclame depuis longtemps que l’enseignement français à l’étranger fasse l’objet d’une attention particulière au haut plus haut niveau. Il ne peut que se réjouir des ambitions qu’on lui prête à travers ce plan de développement. Cependant, à l’aune de ses interrogations, le Sgen-CFDT estime que le compte n’y est pas et regrette notamment que la question des statuts des personnels n’ait pas fait l’objet d’annonce.

Le Sgen-CFDT se bat pour une mise à plat du statut des personnels détachés à l’AEFE et milite pour un statut unique. Il demande instamment la résorption des fonctionnaires en recrutement local employés par l’opérateur public. Il s’inquiète enfin du risque de multiplication de détachés directs, fonctionnaires d’Etat employés sur des contrats de droit local étranger. Il regrette que cette dimension n’ait pas fait l’objet d’éclaircissement et attend qu’un dialogue se noue sur ce sujet.

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