Entretien à la Mission laïque française

Le Sgen-CFDT a été reçu le 29 mai 2018 par le directeur général de la MLF Jean-Christophe Deberre et son adjoint Michel Bur, chef du service de la pédagogie. Ils étaient accompagnés de Jeannie Trainoir, responsable de la gestion administrative des personnels détachés et du recrutement.

Au menu de la rencontre du Sgen-CFDT avec la Mission laïque française, les échanges sur la gouvernance et la gestion des ressources humaines ont fait apparaître de profondes divergences. Le fossé entre les principes pédagogiques dont se réclame la MLF, que peut partager le Sgen-CFDT, et la pratique autoritaire de terrain est grand !

Dialogue de sourds sur la gouvernance et les ruptures de contrat

La situation dans certains établissements de l’OSUI a fait l’objet d’échanges contradictoires, véritable dialogue de sourds où chaque partie reste sur ses positions. Un long moment est consacré aux cas de licenciement en cours à Agadir, sans progrès sur le fond.

La notion d’autonomie des établissements ne recouvre pas les mêmes notions au-delà des mots. Alors que le Sgen privilégie le projet élaboré collectivement, la MLF demande l’adhésion à un projet élaboré ailleurs. La MLF conteste l’accusation d’autoritarisme des chefs d’établissement, estimant que les accrochages signalés dénotent l’hypersensibilité des enseignants, tout en soulignant qu’autour de la table nous étions tous des enseignants à l’origine[*]. La MLF assume son nouveau statut commun et notamment sa réforme des temps de séjour : 3 contrats successifs de 3 ans avec possibilité de non-reconduction à la fin de la 3e et de la 6e année et celle de rupture chaque année pour « faute grave ».

Quelle place pour les parents ?

La MLF insiste sur le poids prépondérant des parents, à satisfaire en priorité dans un contexte concurrentiel de marché de l’éducation.

Le point détaillé a été fait sur la crise des établissements du Liban avec une explication détaillée des tenants et aboutissants de la loi revalorisant les salaires et ses conséquences pour les parents (augmentation des droits d’écolage) et les enseignants (impossibilité de prendre en charge les nouveaux salaires du jour au lendemain).

Le Sgen-CFDT a souligné l’incompréhension de candidats sur le traitement de leurs candidatures, même s’il apparaît que la situation semble s’être améliorée pour la campagne 2018. M. Deberre souligne que les établissements partenaires ont leur propre politique et que l’influence de la MLF est quasiment inexistante.

Les projets pour la formation des personnels

La MLF nous dit ne pas souhaiter développer la formation initiale d’enseignants et partage la position du Sgen-CFDT sur la nécessité du maintien de personnel détaché de l’Éducation nationale. En revanche elle est prête à développer une politique renforcée de formation continue, en partenariat avec l’université de Caen pour l’Amérique du Nord, celle de Cergy-Pontoise pour l’Égypte, celle de Lyon pour le Maroc. La situation spécifique du Liban avec le développement d’un centre local. La MLF se fait fort d’organiser une formation continue moins chère et mieux adaptée aux besoins que l’AEFE.

Les rapports avec l’AEFE et l’AFLEC

La complémentarité entre l’AEFE et la MLF se traduit par une convention renouvelée récemment qui permet à certains établissements de bénéficier de postes AEFE (3 en Espagne, 1 en Éthiopie, 5 au Liban).

En réponse à notre question, nos interlocuteurs précisent que l’AFLEC est totalement indépendante de la MLF. Le diplôme universitaire « Enseignement dans les établissements français à l’étranger de l’AFLEC »  avec l’ESPE Clermont-Auvergne n’a pas de lien avec la MLF.

L’avenir de l’enseignement français à l’étranger

Quand il est question de la réforme demandée par le président de la République de l’enseignement français à l’étranger, le directeur général de la MLF considère que la généralisation du mode de fonctionnement des établissements d’enseignement français à l’étranger de la Mission laïque à l’ensemble du réseau n’est pas souhaitable.


[*] Jean-Christophe Deberre, inspecteur d’académie, ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, est agrégé de lettres. Il a été COCAC notamment au Maroc et à Madagascar – Michel Bur, inspecteur de l’Éducation nationale, a commencé sa carrière comme instituteur avant d’occuper diverses fonctions dans le réseau culturel français à l’étranger