Visite en Turquie : rencontre des adhérents des lycées Charles de Gaulle d’Ankara et Pierre Loti d’Istanbul

Béatrice et Jeanne ont rendu visite à nos adhérents de Turquie, après deux années de crise sanitaire où les voyages à l’étranger ont été fort limités. La mission a commencé au  lycée Charles de Gaulle d’Ankara et s’est achevé au lycée  Pierre Loti d’Istanbul.

Visite au lycée Charles de Gaulle à Ankara

La première partie de notre mission en Turquie passait par une visite du lycée Charles de Gaulle à Ankara. Notre jeune section fédère dans l’efficacité et la convivialité de nombreux adhérents et sympathisants. Organisés et disponibles, ils sont à l’écoute des demandes des personnels. Ils ont par ailleurs bénéficié d’une formation récente avec nos adhérents engagés du monde entier.Ankara 2022

L’établissement en gestion directe, excentré et récent, est fonctionnel et agréable. Les élèves du CP à la terminale sur le site d’Incek investissent les murs de ses larges couloirs par toutes sortes de productions. La maternelle est en ville. Ce jour-là, hommage à Proust dans le hall d’entrée avec une exposition et une chorégraphie des élèves.

Situation des personnels

Comme plusieurs établissements français en Turquie, la situation administrative complexe de l’établissement a des retentissements sur le quotidien de ses personnels, notamment pour les types de contrats proposés. A cela s’ajoute une inflation importante et une dévaluation récente de 50% de la livre turque. L’établissement rencontre donc plus de difficultés à recruter.

La crise conjoncturelle du recrutement des personnels enseignants détachés sur contrat a des effets directement visibles. Par exemple, plusieurs dizaines d’enseignants titulaires avaient postulé sur un ex-poste de résident en histoire géographie. Sa transformation pour un an en contrat local a pour le moment dissuadé les candidats, ses conditions étant bien moins attractives, encore plus pour une si courte durée.

Rencontre avec la direction lors de la visite d’Ankara

Jusqu’à présent l’établissement a connu une croissance assez rapide de ses effectifs, actuellement ce n’est plus le cas. Les effectifs n’évoluent plus pour plusieurs raisons : l’incertitude statutaire de l’établissement, la création d’un autre établissement qui est en demande d’homologation à l’AEFE.

Non aux contrats flexibles à la baisse

Pour faire face à cette stagnation des effectifs, la direction a proposé d’instaurer pour les nouveaux contrats locaux en CDI. Il serait possible de faire varier la quotité de service d’une année sur l’autre en fonction des besoins de l’établissement, à la hausse comme à la baisse. Localement, nos adhérents s’opposent à cette décision de la direction. La section d’Ankara propose de fixer une quotité plancher -à définir-avec possibilité d’une variabilité uniquement à la hausse.

Le Sgen-CFDT a dénoncé un risque conséquent de précarisation des personnels.

Le volant d’heures concerné par ses variations est relativement faible. Nous avons donc proposé que ces heures soient affectées pour les personnels enseignants à des projets. En effet, par ailleurs, le lycée sait devoir développer le soutien et l’accompagnement des élèves, dont les EBEP, par les dispositifs habituels. D’autres projets sont possibles : chorale d’adultes, projets transversaux… La flexibilité peut se trouver ailleurs que dans la précarité.

Une victoire redevable à l’installation d’un rapport de forces et à une négociation acharnée

La direction a finalement  proposé de ne pas toucher aux CDI pour la rentrée 2022

En revanche, pour les prochains recrutements par équipe, le dernier recruté sera un CDD, un an renouvelable et si un 2ème poste se libère le 1er CDD sera proposé en CDI. Un CDD par équipe pour la variable d’ajustement. Cette proposition est similaire à ce qui se pratique dans d’autres établissements. Les CDI ne sont plus précarisés et un CDD ne sera pas renouvelé plusieurs fois si le poste est pérennisé.

Travail de refonte du règlement intérieur du travail, puis des grilles salariales

Dans ce contexte, la refonte du règlement intérieur du travail, datant de 2018, est un chantier auquel se sont attelés les personnels et la direction dans de nombreux groupes de travail. L’année scolaire prochaine- le Sgen-CFDT d’Ankara s’attaquera, après le règlement intérieur du travail, aux grilles de salaire. Ce travail délicat avec une enveloppe budgétaire à la hausse est un travail nécessaire. Il permettra de positionner les différents emplois dans des catégories plus cohérentes, de décider des échelles de salaire, ainsi que des primes, dans un objectif de transparence.

Ce temps a permis aux personnels de parler franchement à la direction de ces questions épineuses, chaque partie exposant ses contraintes et arguments.

Heure d’information syndicale à Pierre Loti, Istanbul

Cette heure d’information syndicale en hybride à Pierre Loti a regroupé plus de 40 personnels. Inquiétude au sujet des statuts après la réécriture du décret 2002-22, mais surtout émoi au sujet d’une possible ouverture de l’établissement le samedi. En effet, manque de place pour faire cours sur 5 jours. Dans une ville aussi étendue qu’Istanbul, le temps de transport quotidien des élèves dépasse couramment deux heures. De plus, la pratique des cours particuliers supplémentaire est très répandue le week-end. Les enseignant·es s’inquiètent donc de cette fatigue supplémentaire très importante qui pourrait être imposée aux classes du cycle terminal.  Les enseignants sont prêt·es pour certain·es à renoncer aux dédoublements, c’est dire !

 

Bravo à nos adhérents·es et militants·es d’Ankara et Istanbul pour leur engagement sans faille et d’une grande intégrité au profit des personnels. Les valeurs et principes de la CFDT sont magnifiquement portés !  Merci encore pour l’accueil si chaleureux !