Contrat d’objectifs et de moyens de l’AEFE : des moyens pas à la hauteur des ambitions

L’objectif que le Président de la République a fixé de doubler le nombre d’élèves d’ici 2030 exige beaucoup de l’AEFE. L’opérateur public devra tâcher de répondre à l’ambition avec peu de moyens tout en essayant de maintenir la qualité de l’enseignement français à l’étranger. Une gageure.

Contrat d’objectifs et de moyens de l’AEFE

Le Contrat d’objectifs et de moyens est la déclinaison stratégique et opérationnelle du plan de développement de l’enseignement français à l’étranger pour l’opérateur. Quatre objectifs ont été ciblés :

  1. attirer de nouveaux publics pour développer le réseau de l’EFE,
  2. l’AEFE, une agence au service du développement du réseau,
  3. positionner l’agence comme acteur de coopération éducative à part entière,
  4. adapter le fonctionnement de l’agence aux défis du développement de l’EFE.

 

Attirer de nouveaux publics pour développer le réseau de l’EFE

L’accent portera particulièrement sur l’ouverture de classes de maternelle, la valorisation du nouveau bac et l’ouverture de BTS, l’offre éducative plurilingue renforcée et l’accueil des élèves à besoins éducatifs particuliers valorisé.

L’avis du Sgen-CFDT : le Sgen-CFDT a émis le souhait que soit envisagée l’ouverture de filières technologiques et professionnelles.

 

Des moyens pour l’AEFE, une agence au service du développement du réseau

La simplification de l’homologation et la présence non nécessaire de fonctionnaires en vue de son obtention, si elle peut faciliter l’expansion du réseau, fait craindre une baisse de la qualité. La direction de l’AEFE signale en réponse qu’il conviendra d’aller plus loin dans le contrôle de la formation des personnels. Le rôle des EGD sera accru en tant qu’établissements en capacité de diffuser les innovations pédagogiques

L’implantation de 16 Instituts régionaux de formation (IRF) devrait permettre de former les futurs enseignants et personnels administratifs recrutés locaux des futurs établissements. Ces structures locales, sortes de GRETA dont le statut juridique est encore à l’étude, seront contextualisées et adaptés aux besoins. Les formations pourront donner lieu à délivrance d’un DU ou d’un Master 2. Les formateurs de formateurs y seront implantés, certains EMFE seront disséminés en Afrique compte tenu de la spécificité de ce continent.

L’avis du Sgen-CFDT : le Sgen-CFDT déplore que la présence de fonctionnaires ne soit pas un critère d’homologation et que l’expansion du réseau ne soit pas envisagée sous l’angle d’un recours accru en personnels titulaires.

+1 000 détachements directs en tout et pour tout jusqu’en 2030

Concernant les détachés directs, le Sgen-CFDT renouvelle sa demande de création d’une instance en France au sein de laquelle leur situation sera évoquée : contrat, droits et obligations, rémunération, couverture sociale, QVT, recours…

Le Sgen-CFDT regrette le recours massif au recrutement local, sans souci d’envisager un ratio entre titulaires et non titulaires.

Objectifs de formations de recrutés locaux : +18 500 d’ici 2022

Le Sgen-CFDT déplore que les statuts des personnels fonctionnaires et leurs missions ne fassent pas l’objet d’une réflexion sachant que la mobilité concerne dorénavant tous les détachés, à l’exclusion des seuls résidents recrutés avant 2019. Un sujet d’importance pour lui éludé.

 

Positionner l’agence comme acteur de coopération éducative à part entière

393 établissements répartis dans 58 pays disposent du LabelFranceEducation. Plus de 180 associations FLAM sont actives dans plus de 130 pays.

L’avis du Sgen-CFDT : comme il l’a déploré pour les établissements homologués qui doivent accueillir en priorité des personnels titulaires détachés, le Sgen-CFDT déplore que les établissements LabelFranceEducation n’aient plus l’obligation d’accueillir un enseignant alors que le programme Jules Verne répond parfaitement à ce besoin.

Le Sgen-CFDT signale par ailleurs que la mission de coopération éducative de l’agence n’a jamais été vraiment mise en œuvre et que la définition qu’en font la tutelle et les acteurs de terrain dans les établissements scolaires diffère. Le Sgen-CFDT demande qu’ils soient formés et déchargés pour ce faire.

 

Adapter le fonctionnement de l’agence aux défis du développement de l’EFE

Dans l’optique d’adapter l’agence à sa mission de développement, ses services centraux seront réorganisés, l’offre de services étoffée et les contributions des établissements simplifiées. La composition du Conseil d’administration sera modifiée et les représentants de parents associés aux évolutions.

L’avis du Sgen-CFDT : la réussite de la transformation ne pourra se faire qu’avec les personnels et leur adhésion au projet. La réorganisation des services centraux et l’utilisation d’outils modernes de gestion ne pourra suffire à faire face aux nouvelles missions dévolues à l’Agence. Il sera nécessaire d’étoffer les effectifs en conséquence.

 

Avec un investissement de 25 millions par an pendant trois ans, les moyens ne sont pas au rendez-vous, le recours massif au recrutement local façonnera les établissements de demain. Pour le Sgen-CFDT, la gestion des personnels titulaires ainsi que leurs statuts et les questions de mobilité ne peuvent être pour autant éludés. Souhaitant que la qualité soit au rendez-vous, il sera également très vigilant sur la gouvernance des établissements.